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1Monsieur, despuis les votres du XXII du passé, je n’ay heu
2aucunes, et y ay si-devant fait response ; despuis,
3monsieur de La Roche mon frère est party d’ici, et
4spère en Dieu qu’il sera arrivé vers vous à la
5réception de la présante, par lequieul pourrés
6entendre toutes particularités à tout événement.
7Je vous diray qu’il partit y a aujourd’hui dix jours
8avec monsieur de Bonevaux ; vray est qu’il aura s
9ejourné deux jours ou environ à Maroles chés
10monsieur de Saint-Mesme, houncle dudit sieur de Bonevaux ;
11et de la ay-je heu letres d’eux. Mes nepveux
12et toute la petite troupe sont en très bone sencté,
13Dieu merci et ha mon nepveu de Laval gardé le
14logis environ XV jours pour bégner sa jambe dans la
15vandange, par l’advis des cirurgiens, don croy
16s’en trouver mieulx ; et y porte une chause de chien.
17L’ons atant heure pour heure que la roine s’acouche
18et y a desjà personnes prestes pour pourter les
19nouvelles de ce que ce sera à Roume, en
20Spagne et autres lieux. Mon nepveu et moy
21sur ce nous souvenons fort bien de votre voulonté,
22mais pour cest hivert, je serois fort d’opinion qu’il
23ne voiagat pouint, tant pour ranforsser sa jambe, que
24pour recognoistre ung peu premièrement la court ;
25d’autre part, monsieur, ce n’est pas sans grand
26despance que tieuls voiages s’entrepragnent si le
27roy n’y fournit, car elle court en deux
28endrets, estant de besoing de lesser équipage
29deçà où il fait bon, comme pouvés pancer.
30S’il vous plait, vous manderés comment il s’i doibt
31conduire, si par si-après quelque voiages se dressoint
32où heussiés envie qu’il allat.de l’argent que
33luy aviés donné [et qu’il ha receu ici], j’antans que cent l[ivres] t[ournois] luy en
34restent seulement. Si vous puis-je assurer quil
35n’y a rien d’excesif ni mal à propos, mais
36vous scavés qu’il n’avoyt aucun acoustrement
37[v] et si n’en ha pas pour parangouner au moindre en cest
38compagnie de son aage, ny enquores lit de camp,
39charrete ny cheval pour icelle, car à peine a-l’ons
40peu conduire ici celle que pour cest effait luy
41aviés donné, et n’a esté vandu que cinq escus. Je
42fournirai tant qu’en aurai le moien, et spère l’avoir
43pour enquores par cellui de monsieur de La Roche,
44à qui est dheu d’argent depar-deçà, mais l’importance
45est de provoir aux escoliers par cartiers et en
46sorte que le maistre n’aye à se plaindre ; et est
47plus raisonnable que l’argent séjourne entre ses
48mains ung mois que s’il l’atandoit ung jour. J’ay
49parlé de votre congé mais l’ons me l’a mis bien
50loing ; comme je me tenois bien assuré, remonstrant
51le mauvais trètement que recepvés, et que
52l’ons faisoit tout ce que l’ons peult et que l’ons
53trouvat quelque chose, j’ay mis en avant le reste
54de revenu de Grane, à quoy l’ons monstre avoir
55volonté vous gratifier. Je le poursuivrai, mais
56tout va tant à la longue que c’est pitié. Le
57temps est si bel que tous les jours
58l’ons va à la chasse ou voir les plus belles maisons
59d’ici aux environs ; et estoit l’ons allé hier à
60Nantolhet ; cest pour en achepter une pour Monseigneur
61qui trouve fort à propos ledit Nantoulhet. Quand à vous
62estats, monsieur Le Febvre a escript pour vous
63faire paier, et croy n’y aura faulte à ce coup de
64ce dont il ha assignation. Je n’ai enquores rien
65fait ausy pour mon affaire de Jaunage, si n’est la
66demande au roy de la plusvalue, qui me l’a accordée
67de bouche, mais ce n’est que le moyns fait.
68Quand aux nouvelles, l’ons ne bruit que d’aller
69asiéger La Rochelle, où s’est geté la pluspart
70de la noblesse de la Guienne pour le peu de
71seurté qu’ils se sount voulue prometre en leur
72mesons, voiant les executions faites naguières
73à Bourde[a]ux et autres lieux. L’ons parle de
74mener XXX canons d’ici, et que monsieur de Tavanes ira.
75[110] Ceulx de Sanserre ausy fount samblant de vouloir
76tenir bon. En Flandres, le duc d’Albe a reprins
77Malines et donné le sac aux soldats. Le prince
78d’Aurange s’est retiré et a-l’ons voulu bruyre que
79le duc d’Albe s’accomodoit avec luy. Qu’est ce que
80vous puis dire, après m’estre très humblement
81recommandé à vous bones graces et celles de madame de
82Gordes et du reste de votre compagnie, et priant
83Dieu vous donner,
84Monsieur, en santé, heureuse et longue vie.
85De Paris, ce XV octobre.
86Votre à jamais très humble
87Et très obéissant frère.
88De Simienne
89Le rolle où est ce qu’on demande pour Saint-Sernin
90n’est enquores signé ; cependant, j’espère n’en
91viendra faulte, et atans tousjours d’antandre de
92vous à quoy l’ons se resoudra.
93Monsieur le vicomte de Cadenet s’est trouvé à la closture de
94ceste-ci et m’a prié adjouster ses recomandations à vous bones
95graces. Il parle de partir bien tost, si le voiage de La
96Rochelle ne le retarde.
97Monsieur de Vance est ici ausi,
98qui parle de partir bien tost.